Dans cette rubrique, nous souhaitons mettre en avant un formateur en lui posant quelques questions de la part de DPI.
Bert Verschelde, DPO chez DPG Media, se fera un plaisir d’y répondre.
Interview
Pouvez-vous expliquer brièvement votre rôle au sein de DPI et le type de formations que vous assurez ?
En tant que formateur, j’assure les dernières sessions du jour 5 de la formation DPO. J’y approfondis les différents rôles prévus par le RGPD dans le cadre de collaborations autour des données, et je prépare les futurs DPO à leurs 100 premiers jours dans leur nouvelle fonction.
Quel est, selon vous, le plus grand défi pour les professionnels de votre domaine aujourd’hui ?
Être professionnel de la protection de la vie privée n’est pas une mission facile – mais c’est justement ce qui la rend passionnante. Il s’agit de confronter des applications de données dans un paysage technologique en constante évolution à un cadre juridique qui laisse place à l’interprétation et évolue lui aussi à travers les nouvelles lignes directrices et la jurisprudence. Rester à jour à la fois sur les plans technologique et juridique me semble donc être notre plus grand défi commun.
Comment reliez-vous la théorie à la pratique dans vos formations ?
La meilleure manière, selon moi, est de travailler en groupe à partir de cas concrets tirés de la vie réelle d’un DPO. Ce qui est intéressant, c’est que les réactions et les objections des participants ressemblent souvent à celles rencontrées en pratique. Je suis également un grand adepte des règles de Chatham House, qui permettent aux participants de s’exprimer librement pendant la formation et d’aborder sans filtre les enjeux rencontrés au sein de leur propre organisation.
Qu’est-ce qui vous motive à partager votre expertise avec les participants ?
En tant que DPO, nous donnons vie au texte de loi dans le fonctionnement quotidien des entreprises et des organisations. Cela nous confère une responsabilité importante : à nous de démontrer que le respect des droits fondamentaux et la conformité au droit de la protection des données peuvent aller de pair avec l’innovation et la croissance pilotées par les données. Je considère qu’il est en partie de notre devoir de nous entraider et de partager nos connaissances entre DPOs, au-delà des secteurs.
Quelles sont les questions ou thématiques récurrentes auxquelles les participants sont confrontés ?
Je remarque que de nombreux participants se demandent comment concilier l’implication opérationnelle et l’indépendance du DPO, sans tomber dans un conflit d’intérêts. Cette difficulté est accentuée par le fait que beaucoup de DPO se retrouvent seuls, multitâches, face à une multitude de demandes. Selon moi, un bon DPO doit avant tout pouvoir regarder les personnes concernées dans les yeux et se demander : suis-je occupé par ce qui est réellement important pour elles ?
Quelles évolutions ou tendances suivez-vous de près dans votre domaine ?
Je lis systématiquement les avis, lignes directrices et jurisprudences liés aux cookies, au marketing direct et à la publicité en ligne. Les débats sur des sujets comme les murs de cookies et les modèles « consentement ou paiement » sont évidemment cruciaux pour les éditeurs qui dépendent des abonnements et des revenus publicitaires. En parallèle, je m’efforce aussi de suivre de près l’évolution rapide de l’intelligence artificielle, notamment générative.
Selon vous, qu’est-ce qui distingue une excellente formation d’une formation moyenne ?
Des formateurs riches d’une véritable expérience de terrain. J’ai moi-même suivi l’année dernière le module « IA pour les DPD » chez DPI, avec des intervenants spécialisés en technologie, en droit et en éthique. Leurs exemples pratiques ne se contentent pas d’illustrer la théorie – ils montrent surtout que le monde réel n’est jamais aussi simple qu’on le souhaiterait.
Quel message-clé souhaitez-vous que les participants retiennent à l’issue de votre formation ?
L’importance de l’empathie et du multilinguisme (dans le sens figuré) dans l’exercice de la fonction. Pour avoir un réel impact en tant que DPO, il est essentiel de comprendre ce qui motive les autres dans l’organisation. Cela vous permet de mieux cadrer vos conseils et de réfléchir à des solutions créatives. Et surtout, cela augmente vos chances d’être réellement écouté. Il ne s’agit pas de parler le jargon juridique, mais bien la langue de votre interlocuteur.
Comment vous tenez-vous informé dans un domaine aussi évolutif ?
Principalement via mon fil LinkedIn, enrichi de quelques newsletters et podcasts. L’offre d’actualités dans notre domaine est abondante – le vrai défi est de faire le tri et de se concentrer sur les jurisprudences et directives qui comptent vraiment pour votre organisation.

"En tant que DPD, nous avons une responsabilité importante : démontrer que le respect des droits fondamentaux et le respect de la loi vont de pair avec l'innovation et la croissance fondées sur les données. C'est pourquoi je considère qu'il est de notre devoir de nous entraider et de partager nos connaissances entre les différents secteurs.".